L’interview d’Oliver, de Jacu Coffee Roasters en Norvège

Après 10 jours de voyage, c’est à Oslo que s’est terminé le 1ᵉʳ Belco Euro Tour, en compagnie d’Oliver de la torréfaction Jacu.

Pour l’occasion, Oliver avait fait le déplacement depuis Ålesund, et c’est dans un coffee-shop de la capitale norvégienne, Pust, que nous nous sommes retrouvés.

Ensemble, nous avons échangé sur les enjeux climatiques et sociaux qui chamboulent toute l’industrie du café de spécialité, du producteur au consommateur.

Pendant 10 jours, Le Filtre a suivi Nicolas Pourailly pour la 1ʳᵉ édition du Belco Euro Tour, à la rencontre de 10 torréfacteurs européens pour coconstruire le café de spécialité de demain. Interview éditée par Le Filtre.

Salut Oliver, pour toi, qu’est-ce que le café de spécialité ?

Pour ma part, c’est évidemment un bon café, une bonne tasse le matin. Je vise la qualité, alors personnellement, le café de spécialité revient à torréfier du café vert de la meilleure manière possible.

Quel est ton critère d’achat principal ?

Le plus important, c’est la qualité. C’est sur ce point que l’on se concentre. On connaît le genre de café que l’on veut torréfier et le genre de tasse que l’on a envie de boire. Et, bien sûr, ce sont aussi les personnes avec qui on fait du business. C’est important qu’ils comprennent ce que nous voulons, et inversement.

Achètes-tu les mêmes cafés, chaque année ?

Parfois, oui, on le fait. Certains cafés représentent tellement notre marque qu’on les achète d’année en année. Mais, on essaie aussi énormément de cafés.

D’après toi, qu’est-ce que les clients de Jacu recherchent quand ils achètent du café de spécialité ?

Premièrement, ils recherchent du bon café. Mais également notre capacité à résoudre leurs problèmes. S’ils ont un souci sur un machine, on peut les aider. Et, s’ils peinent à sortir un espresso, on peut les aider aussi.

Parlez-vous des impacts sociaux et environnementaux à l’origine ?

On pourrait le faire beaucoup plus. Je sais que ce sont des enjeux très importants, mais c’est difficile avec la gestion commerciale de nos clients. On devrait se concentrer sur ces enjeux, mais le quotidien nous rattrape vite.

L’importateur pourrait-il vous aider sur ce sujet ?

Ce serait super de trouver un bon moyen de faire cela. C’est très, très important d’en parler, de trouver le temps d’en faire une priorité, de rassembler de l’information. Mais, à vrai dire, c’est aussi assez éloigné de notre to-do list actuelle.

Est-ce que ces impacts, qui touchent les producteurs, sont clairs pour toi ?

Pas assez, mais certains, oui. Comme le changement climatique, les pluies plus abondantes. Cela devient de plus en plus dur de produire du café, soit il fait plus froid, soit plus humide. Et, les prix montent, surtout s’il se passe quelque chose au Brésil…

Quel devrait-être l’avenir du café de spécialité ?

En termes de prix, chacun devrait avoir ce qu’il mérite. Un bon prix pour les cafés qui revienne aux fermiers. Et bien sûr, d’aller vers plus de durabilité. Aujourd’hui, on réfléchit à notre manière d’acheter du café, comment on le fait venir de l’origine jusqu’en Norvège.

Si on donnait accès à la distribution de l’argent sur toute la chaîne, du fermier jusqu’à toi, trouverais-tu cela intéressant ?

Oui, bien sûr, ce serait super.

Penses-tu communiquer à ce sujet avec tes clients ?

Oui, je pense que l’on utiliserait ces informations.

De ton côté, serais-tu prêt à être aussi transparent envers les consommateurs ?

Il faut bien réfléchir à la manière de le faire. On essaie d’être transparent et on a besoin de le faire de la bonne manière, de partager cette information correctement.

Toute l’information que l’on peut avoir et partager avec nos clients est très importante. Pour leur montrer que leur acte a un impact, dans un contexte plus grand. Une sorte de preuve que tout cela fonctionne.

Le changement climatique est vraiment important, et il est nécessaire de montrer quelque chose qui amène du positif. Quelque chose qui apporte de l’espoir aux futures générations de fermiers.

Mon fils, par exemple, est inquiet. J’imagine que les enfants des producteurs le sont aussi. Cela serait important de créer du lien entre les deux générations pour donner de l’espoir pour l’avenir.

Serais-tu intéresse par un indicateur qui montrerait les pratiques d’un fermier à l’origine ?

Oui, mais alors cette information doit être très claire, une information compréhensible et que l’on pourrait facilement utiliser. Je pense que plus on donne d’information, et plus il faut faire attention à la manière de la présenter.

Aimerais-tu connaître l’empreinte carbone des cafés que tu achètes ?

Oui, mais il faudrait que cette information, on la comprenne aussi pour ensuite la transmettre à nos clients. C’est beaucoup de chiffres, et ce n’est pas toujours incompréhensible, mais comment bien l’utiliser ? Il faut parler de l’importance de ces sujets, mais comment ? Le changement climatique, c’est comme un mur qui est déjà beaucoup trop gros.

Penses-tu que les consommateurs sont au courant de ces impacts sociaux et environnementaux ?

Je ne crois pas. Il faudrait que l’on communique vraiment davantage sur ces sujets. Au moins une fois par mois, c’est quelque chose que l’on pourrait faire. Mettre ces informations sur les paquets de café, montrer à nos clients que leur achat a un impact.

Que penses-tu qu’un fermier penserait-il de notre conversation ?

Je crois qu’il souhaiterait que je vienne lui rendre visite pour qu’il me montre comme est sa vie. J’ignore s’il m’expliquerait les chiffres, mais il connaît certainement mieux que moi la vraie vie d’un producteur de café. Et pour ma part, c’est très important de comprendre sa vie, pour que les chiffres prennent ensuite du sens.

Si tu devais commencer à faire quelque chose dès maintenant, qu’est-ce que ce serait ?

Communiquer les chiffres de la meilleure manière possible et de les mettre dans le contexte de la “vraie vie” des producteurs !